Aujourd’hui, je devais écrire un texte.
Pour me vendre, me donner une image méliorative auprès des écoles dans lesquelles je tente d’être sélectionné, au milieu de milliers de candidatures.
Je devais écrire un texte.
Pourtant je suis resté dans mon siège, les yeux plongés dans le bleu du papier peint de ma chambre. Comme si je perdais mon regard dans un paysage de mer, le bruit de la ville remplaçant la mélodie des vagues.
Sur ce même mur, j’ai pu croiser le regard de Mia Wallace ou encore celui de Raoul Duke. Deux protagonistes issus des nombreux films qui m’ont marqué et influencé, dont les affiches sont disposées un peu partout dans la pièce.
Chacune d’entre elles me rappelle une époque, une ville, une ambiance différente… Quelques fois, je ferme les yeux, m’imaginant au volant d’une Cadillac, arpentant les rues de Los Angeles dans les années 80.
Je dois admettre être très influencé par cette époque. Il en va de même pour celle des années 90. Chaque détail est pour moi fascinant. L’architecture, la mode, le luxe, l’automobile, la technologie en plein essor …
Un coup de fil est venu interrompre mes rêveries. Un ami voulant que l’on aille prendre un café. J’ai accepté sa demande, en sachant pertinemment que ça n’allait faire que repousser l’écriture de ce fameux texte.
Avant de le rejoindre, il a fallu que je m’habille. Que je trouve la tenue correspondant à la météo ainsi qu’à mon envie du jour, parmi mon dressing plein à craquer. C’est vrai que j’accorde beaucoup de temps et d’argent à celui-ci.
Mais pour moi, c’est un moyen de m’exprimer, d’être différent, de marquer les esprits par mon passage. De plus, je reste fasciné par le travail des créateurs que je suis sur Instagram, celui de Virgil Abloh, de Kim Jones ou encore de Mathew Williams.
Voilà, je me suis retrouvé en route pour rejoindre mon ami.
A mes pieds, une paire de Nike; dans ma tête, un son de rap que j’ai déjà dû écouter des centaines de fois, mais qui me procure toujours les mêmes sensations et que je fredonne inlassablement.
Ce style de musique, je le connais bien. Je n’écoute quasiment que celui-ci. A tel point qu’un jour, j’ai décidé d’en créer aussi. Mes premières esquisses de rap furent assez naïves, elles servaient d’exutoire à mes peines de cœur. Jusqu’à tomber amoureux de celui ci, ironiquement.
Désormais, pas un seul jour ne passe sans que je pense à lui et que je lui écrive quelques lignes.
Arrivé au café devant lequel mon ami m’attendait, je fûs surpris de voir qu’en fait, ma bande entière était réunie. Alors, un sourire s’est dessiné sur mon visage.
Ce sont sûrement eux, mes principales sources d’inspiration et de motivation. Nous nous sommes rencontrés par hasard, mais nous nous sommes rapidement attachés pour une passion commune : celle de créer. Certains réalisent des tableaux, d’autres des vêtements, d’autres des instrumentales, d’autres de montages vidéos.
Voilà ce qui nous unis, sans distinction d’âge ou de couleur. Grâce à eux, j’ai pu approcher des domaines qui me semblaient inconnus ou inaccessibles. Mais aussi vivre des expériences, qui m’ont forgé tout au long de ma jeunesse.
Même en étant le plus jeune du groupe, ils me considèrent comme leur égal. J’ai donc pu participer à leurs projets ambitieux, comme celui de faire une marque, passer dans des courts métrages ou encore faire des singles.
Arrivé à 18h45, j’ai dû rentrer chez moi, pressé par le couvre feu installé contre l’épidémie, qui a mis la France sur pause depuis déjà un an. Je n’avais pas du tout avancé mon travail, je m’en voulais pour cette raison. Pourtant, toujours impossible de m’y mettre.
Je me suis laissé distraire par les notifications de mon téléphone : des messages de ma copine, ma muse mais aussi mon trésor, dont la simple pensée peut me mener à réaliser mes ambitions.
Des vidéos de skate qu’un proche m’envoie, sur lesquelles je me retrouve toujours impressionné par la figure effectuée, envieux de pouvoir faire les mêmes à mon humble niveau.
Je me suis décroché de l’écran que lorsque ma mère est rentrée à l’appartement. Je lui demande comment s’est passé sa journée. Elle me retourne la question. On discute puis on finit la discussion à table. Après cela, je vais rejoindre ma chambre, puis m’endormir devant un film. Mais avant de m’endormir, je repense à mon quotidien, à mon passé comme à mon avenir. Puis je me rappelle avoir oublié de faire quelque chose d’important…
Aujourd’hui, je devais écrire un texte. Mais tous mes aujourd’hui parleront bien mieux de moi que je ne pourrais le faire.
Je devais écrire un texte.
Je devais écrire un texte
Jules Desgardin